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LE DESTIN DES HOMMES

au ciel d’avoir été l’instrument qui donnerait à l’église un prêtre modèle de toutes les vertus.

Les quatre autres années d’études classiques passèrent, puis le jeune homme revêtit la soutane et se mit à étudier la théologie pour se préparer au sacerdoce.

Jean Lebau faisait la joie de ses professeurs, du curé qui l’avait fait instruire et de ses parents. Il avait vingt-quatre ans lorsque vint le jour tant désiré où il fut ordonné prêtre. La cérémonie eut lieu un samedi, veille de la Fête-Dieu, à la cathédrale de la ville, où vingt-deux autres jeunes gens reçurent des mains de l’évêque le sacrement qui les faisait oints du Seigneur. Jean Lebau vécut là des heures extatiques. Il réalisait qu’il était parvenu au sommet de son rêve.

Le vieux curé avait invité le nouveau prêtre à venir chanter sa première messe dans son église et à présider à la cérémonie qui devait suivre, la procession solennelle du Très Saint-Sacrement. Le jeune abbé arriva le soir dans la paroisse de sa famille et passa la nuit au presbytère.

La famille Lebau, heureuse de l’honneur accordé à l’un des siens, avait lancé des invitations à tous les parents pour un grand dîner qui suivrait la célébration de la première messe de l’abbé Jean. On s’attendait à avoir quarante-trois convives. Dans le nombre se trouverait un vieux chanoine, oncle maternel du jeune prêtre, qui demeurait à neuf cents milles de là et qui n’avait pas vu sa sœur, mère de Jean, depuis quarante et un ans.

Comme la maison était trop étroite pour recevoir tout ce monde, l’on avait décidé de servir le repas en plein air, à côté du petit verger et du jardin. La plupart des invités avaient envoyé des cadeaux qui étaient exposés sur une grande table, dans le salon de la maison, et qui seraient remis au jeune abbé à la fin du banquet.