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LA SCOUINE

cher de l’église se dressa tout près. Le village était rempli d’une foule beaucoup plus nombreuse encore que celle des jours de dimanche et c’était jusqu’au terrain de l’exposition, une procession ininterrompue de voitures, un continuel défilé de piétons. À la barrière, Charlot exhiba sa carte de membre de la Société d’Agriculture et pénétra dans l’enceinte. On entendait là un grand bourdonnement confus. Des groupes allaient et venaient en tous sens, discutant bruyamment, échangeant des poignées de mains et des opinions avec les connaissances rencontrées. De tout jeunes garçons riaient très haut en brandissant comme un trophée leur premier cigare. Des chevaux hennissaient et des limonadiers criaient leurs rafraîchissements.

Charlot et la Scouine inspectèrent d’abord les bestiaux : vaches laitières, taureaux, génisses, veaux, attachés aux poteaux de la clôture ; ils allèrent voir les moutons et les porcs, enfermés dans des boîtes à casiers, au centre du terrain. Des pigeons près de là roucoulaient dans des cages, passant leurs becs roses entre les barreaux. Des lapins et un écureuil attirèrent également l’attention de Charlot et de sa sœur. Les chevaux se trouvaient de l’autre côté de l’enclos. Ils les allèrent examiner. Plus loin, les instruments aratoires les tinrent longtemps en contemplation. Enfin, en regardant bien à leur aise tout ce qu’ils rencontraient sur leur passage, ils se trouvèrent au corps principal des bâtiments où étaient exposés les produits de l’industrie domestique ; tapis, catalognes, ouvrages en laine. La foule y était plus dense que partout ailleurs. C’était là aussi que se trouvait la bande des faméliques exploiteurs de fêtes foraines, propriétaires de jeux de hasard, vendeurs