VIII.
LLE Léveillé, la nouvelle institutrice était
blonde et mince et plutôt jolie dans sa robe
de mérinos bleu. Une boucle de velours noir
attachée à ses cheveux lui donnait un air coquet. Sa
voix était douce et sympathique comme sa figure.
Tout de suite, elle plut aux enfants.
Vingt-deux élèves s’inscrivirent le lundi, jour de la rentrée des classes. L’avant-midi, Mlle Léveillé se borna à les faire lire et à leur donner une dictée.
Lors de la récréation du midi, chacun s’accorda à dire que la maîtresse n’avait pas un air sévère.
— Elle se nomme Alice, déclara Marie Leduc.
— I paraît qu’elle donne de longs devoirs, remarqua la Scouine pour dire quelque chose.
L’après-midi, Mlle Léveillé fit faire des exercices d’écriture et un peu d’arithmétique au tableau. Elle indiqua ensuite les leçons pour le lendemain.
— Elles sont courtes, mais apprenez-les bien, dit-elle. Je vais voir quels sont les travaillants.
La Scouine apprit avec terreur qu’elle devrait étudier la grammaire et l’histoire du Canada. De plus, elle aurait à lire dans le Devoir du Chrétien et dans le psautier. Non bien sûr, qu’elle n’apprendrait pas tout ça. Jamais de la vie.
Le soir, la Scouine s’en retourna songeuse à la maison.
Le lendemain, les plus âgés des élèves récitèrent leurs leçons. Le tour de la Scouine arriva. L’institutrice posa la première question.