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XXXIII.



VERS la fin de septembre, la Scouine, sa mère et Charlot décidèrent d’aller demeurer au village. Assez longtemps, ils avaient travaillé. Maintenant que le père était mort, ils allaient se reposer, vivre de leurs rentes.

Intérieurement, la Scouine se disait qu’elle serait plus près du presbytère, qu’elle pourrait aller y faire un tour de temps à autre. Cette pensée la rendait toute joyeuse.

Après quelques jours d’hésitation, Mâço loua une petite maison voisine de l’hospice, à côté du cimetière.

Pierre Bougie, cultivateur de Châteauguay acheta la terre, qu’il paya cinq mille piastres comptant.

Le roulant de la ferme fut vendu à l’encan. Mâço ne garda que le mobilier. Il fallut quelque temps pour régler les affaires, mais les dernières formalités furent enfin terminées. Il fut convenu que l’on partirait le jeudi.

Le ménage fut chargé dans une voiture double. Charlot et la Scouine passèrent près d’une journée à cette besogne. Les lits, la table, les cadres de saints accrochés aux murs, le rouet, le dévidoir, le sofa jaune, le saloir, s’entassaient dans le chariot. Ils abandonnaient les coins sombres auxquels ils étaient habitués, où ils paraissaient immuables, pour entreprendre un voyage non sans danger à leur grand âge. Ils quittaient le vieux logis où ils avaient