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LA SCOUINE

Ces conditions satisfirent la Scouine.

Une semaine plus tard, ainsi qu’il avait été convenu, elle apportait les sacs de pommes de terre à Thouin. Celui-ci les reçut, mais s’excusa de ne pouvoir livrer les bottines.

— J’ai été malade, très malade, dit-il. Il m’a été impossible de travailler. Repassez dimanche prochain.

Huit jours après, la Scouine revint chez le savetier.

— C’est un sort, fit-il. J’attendais du cuir, et je ne l’ai pas reçu. Ce sera pour la semaine prochaine sans faute.

Au temps fixé, la Scouine se présenta chez le cordonnier.

— Je joue de malheur, se lamenta-t-il. J’ai attendu mon cuir chaque jour et je ne l’ai pas encore eu. Il doit arriver lundi, et samedi vos bottines seront prêtes. Je vous les promets.

Une fois de plus, la Scouine retourna au canal.

— Ça me fait bien de la peine, mais j’ai pas pu finir vos chaussures. J’ai eu beaucoup d’ouvrage pressant et je n’ai pu les terminer, expliqua Thouin. Revenez dimanche.

La Scouine revint.

— Elles ne sont pas encore tout à fait finies, mais je les achève. Je les achève, vous savez. J’en ai encore pour une couple d’heures seulement. Ce sera pour betôt.

De nouveau, la Scouine reparut chez Thouin.

— Ah ça, c’est de la malchance. Imaginez-vous que j’ai dû servir de témoin dans une cause, et je n’ai pu travailler. Je voulais les finir hier soir, mais j’étais trop fatigué.