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IMAGES DE LA VIE

Pendant des heures, le vent, violemment, se démène dans le parc désert. Il erre et court entre les arbres, halète furieusement, soufflette la figure du poète impassible à l’outrage. Puis, dans le matin gris, des clochent sonnent. Des tramways passent en grinçant brutalement. Des hommes se hâtent vers des besognes serviles. Au-dessus des maisons innombrables, le ciel devient rose et le soleil apparaît. Un moment, la figure du poète s’illumine et malgré le froid et la neige, il évoque déjà avril, alors que la sève montera dans les rameaux des érables et que les bourgeons roses éclateront aux branches.

Le poète rêve sur son socle.

Et devant lui, indéfiniment, les passants défilent, sans trêve, courant à leurs plaisirs, à leurs affaires, ou écrasés par leur peine, allant à leur destinée…