Page:Laberge - Images de la vie, 1952.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
IMAGES DE LA VIE

interroge d’un ton de surprise Mme  Demance en voyant si tôt reparaître les deux petites.

— Oh ! oui, nous y sommes allées.

— Est-ce qu’elle ne vous a pas invitées à dîner ?

— Oui, mais la dinde était toute couverte de poils, de duvet et de plumes, répond Ernestine. Ça coupait l’appétit rien qu’à la voir.

— Puis, c’est pas tout, ma tante, ajoute Odile. Ils ne l’avaient pas vidée, pas nettoyée. Ils l’avaient fait rôtir toute ronde.

Devant l’énormité de ce mensonge, la maman regarde la fillette avec une expression incrédule et amusée en même temps.

— Ah ! oui, mes petites dédaigneuses, je vous reconnais bien là. Puis, d’un ton indulgent : Vous n’aurez pas de dinde ici, et pour votre pénitence, vous devrez vous contenter de porc frais.

Les deux petites battirent des mains.

— Comme ça, nous ne mangerons pas de plumes au moins, conclut Ernestine.