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IMAGES DE LA VIE

pas, était accidentellement tombée d’une fenêtre et s’était tuée. « Mais ce n’est pas un accident, elle s’est volontairement lancée dans le vide par crainte du satyre », affirma la jeune pensionnaire. « Toutes les malades ici sont convaincues qu’elle a accompli ce geste désespéré pour échapper aux criminelles entreprises du forcené habillé en femme ». D’autres patientes interrogées par la dame corroborèrent les dires de la jeune fille, deux d’entre elles admettant avoir été les victimes du monstre. La visiteuse les regardait, tâchant de comprendre ce qu’il y avait dans ce mystère mais n’y parvenait pas. Elle ne pouvait en croire ses oreilles. Cela paraissait tellement invraisemblable, mais devant les témoignages entendus, il était difficile de douter. Pendant quelques semaines, elle fut toute agitée par ces fantastiques révélations, puis elle retourna à l’hôpital. Alors, la jeune malade qui l’avait mise au courant de ces drames nocturnes lui avoua que l’homme habillé en femme qui était de garde la nuit s’était introduit dans son lit deux soirs de suite et qu’elle avait été sa victime. « Il a violé deux autres patientes la même nuit », ajouta-t-elle. Lorsque la dame quitta la salle, sa décision était prise. Immédiatement, elle se rendit au bureau du directeur et lui fit part des faits qui lui avaient été racontés. Celui-ci parut absolument incrédule mais déclara tout de même : « Je vais faire une enquête, mais laissez-moi vous dire qu’en dépit de tout ce que vous m’avez affirmé je ne crois pas un mot des histoires qu’on vous a débitées. »

Ce directeur était un homme éclairé, intelligent et instruit. Il interrogea les malades qui déclarèrent qu’un homme habillé en femme, de garde la nuit, violait les patientes confiées à sa surveillance. Plusieurs admirent même avoir été ses victimes. Néanmoins, le directeur n’était pas convaincu et il tira ses propres conclusions. Comme c’était un médecin qui connaissait son affaire, il fit poser un radio dans la salle des malades et vit à ce que celles-ci entendissent des programmes de musique gaie et des histoires anecdotiques qui revenaient chaque jour avec un nouvel épisode. Même, il fit installer un appareil de vues animées donnant des représentations quotidiennes à ses pensionnaires. Comme résultat