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RÉFLEXIONS

Allant porter un manuscrit à l’imprimeur, un employé supérieur voulant se montrer aimable m’interrogea ainsi : « Écrire des livres, c’est votre hobby, n’est-ce pas ? ».

Deux jours plus tard, un autre membre du personnel de l’imprimerie remarqua candidement : « Lorsqu’on n’a rien à faire, écrire est une bonne distraction, j’en suis sûr. »

Parlant d’un sénateur de Montréal bien connu dans les cercles sportifs décédé il y a quelques années, l’un de ses collègues me déclarait : « Les seules fois en douze ans où je l’ai vu ouvrir la bouche c’était pour bailler. »

« Je travaillerai pendant vingt-cinq ans s’il le faut, mais je l’aurai le ruban rouge » (la légion d’honneur) annonçait un jour un camarade du journal.

— Ce serait si simple et bien plus rapide d’aller en acheter une verge au magasin Dupuis Frères et elle ne coûterait que dix sous, riposta le pince-sans-rire qu’était Paul de Martigny.

« Le plus beau jour de ma vie est celui où j’ai voulu tuer mon père », me confiait un soir un poète membre de l’École Littéraire.

Quelques jours après la mort du peintre J.-C. Franchère, l’un de ses proches, gros industriel, visitant l’atelier du défunt