Ma maison
Le coin de terre où s’écoulent mes jours, où j’ai bâti ma maison de campagne et établi mon jardin est une parcelle de la ferme de l’aïeul maternel. Je n’ai pas besoin d’un domaine pour être heureux. Ma demeure est toute blanche, encadrée de rosiers provenant du parterre de ma mère. Une vaste pelouse la précède et, à l’arrière, est la calme rivière que je vois toute chatoyante au matin. Des deux côtés, l’enclos est bordé de lilas, de syringas, d’acacias, de chèvrefeuilles et d’églantiers. Le rossignol, les chardonnerets, les fauvettes y établissent leur nid et me charment de leur chant. L’oiseau-mouche, la grive, le pic-bois, l’étourneau, sont là chez eux. Les roses, les lis, les pivoines me réjouissent par leur coloris et leur parfum. Là, la vie est douce, paisible, agréable. Les minutes, les heures, les jours coulent dans une paix qui enveloppe tout l’être et qui est la forme la plus parfaite du bonheur.
Sur ce terrain, j’ai accompli une besogne de colon, car à l’époque où j’en ai fait l’acquisition, il était loin d’être ce qu’il est aujourd’hui. Pendant des saisons et des saisons, j’ai travaillé et peiné. J’ai abattu des arbres, enlevé des tonnes et des tonnes de pierres et de cailloux, transporté des quantités de terre pour niveler le sol. Mais ce travail était un bienfaisant exercice et une joie. J’ai planté des fleurs et des arbustes que je ne peux maintenant me lasser d’admirer. Je récolte le fruit de mon travail et j’ai la satisfaction d’avoir créé de la beauté pour moi, les miens et pour ceux qui viendront après moi.