Page:Laberge - Fin de roman, 1951.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
fin de roman

immédiatement faire une visite à Mme Lafond pour lui raconter la chose.

— Vrai, je crois que votre fille a fait de l’impression sur lui, affirma-t-elle.

Grâce à l’obligeance de Mme Demers, Élise Lafond, sa mère et M. Frigon se rencontrèrent de nouveau deux ou trois autres fois et, comme ce dernier avait besoin d’une personne tranquille pour prendre soin de sa maison et pour s’occuper de sa mère malade, il l’épousa sans bruit dans la plus stricte intimité et l’amena vivre dans sa maison qu’on aurait dite bâtie au milieu d’un bois. En effet, toute la propriété était entourée de vieux saules difformes et penchés, de gros saules crochus, branchus, feuillus qui isolaient la demeure. Celle-ci était sur un très beau site, mais la forêt qui l’encadrait cachait la vue du lac qui aurait été le charme de la place. Juste devant la façade de l’habitation, il y avait une éclaircie, un espace libre pour entrer sur le terrain, une route conduisant à la pelouse.

Les quatre filles de Mme Lafond étaient maintenant mariées. La mère avait rempli la tâche qu’elle s’était imposée en partant de son petit village des Cantons de l’Est. Dès lors, elle décida de retourner chez elle, mais juste à ce moment, elle apprit que Lilliane, la plus jeune de la famille, mariée à M. Léon Dubuc, était tombée malade. Immédiatement, elle se rendit auprès d’elle. Le médecin qui la soignait était un veuf. Tout de suite, il fut charmé et conquis par le physique agréable et les manières engageantes de Mme Lafond et, sans lui faire une cour inutile et sans faire traîner les choses en longueur, il la conduisit devant le curé et l’épousa.

Lilliane était malade, très malade. Elle souffrait de tuberculose, de consomption galopante comme l’on disait