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fin de roman

— Le grossier, le grossier ! se dit la sœur à elle-même. Parce qu’il est curé, parce qu’il porte la soutane, il se croit tout permis. Ah, ce que j’ai envie de lui arracher sa gazette des mains, de lui flanquer un coup de poing sur la gueule, de lui écraser ces lèvres méprisantes. Ah ! ce que je voudrais lui casser son sifflet !

Mais soudain, le curé rejette à côté de lui, sur le chesterfield, le journal qu’il a feuilleté, se lève.

— Je vais prendre mon horloge, déclare-t-il.

Alors, sans un mot, Thérèse s’en va dans une chambre et revient avec l’article. Pendant ce temps, le curé est allé dans le vestibule où, en arrivant, il a déposé une caisse. Il l’apporte, la place sur une chaise, enlève le couvercle et prenant l’horloge des mains de sa sœur la couche dans sa boîte sur un lit de sciure de bois et de papiers puis il remet le couvert.

À ce moment, Thérèse eut l’impression que c’était là un petit cercueil.

— Puis, les affaires de famille ? Le père ? questionne-t-elle.

— Ça ne m’intéresse pas. Faites ce que vous voudrez. Bonsoir.

Là-dessus, il prend son chapeau et, sa caisse sous le bras, descend lourdement l’escalier. Il a cependant le temps d’entendre le jeune Fernand qui déclare d’un ton désappointé :

— Mon oncle ne m’a rien donné.

(Dans son hospice, qu’est-ce qu’il attend donc ce sacré vieux là pour mourir ? Moi, je voudrais bien finir mon histoire. Sans crainte de me tromper, je peux vous dire cependant qu’il trépassera sous peu, qu’on se cotisera dans la famille pour l’envoyer au cimetière, que personne ne