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fin de roman

bite avec mes beaux-parents. Je ne peux sûrement pas l’amener là.

— Bien, moi je n’en veux pas, affirma Thérèse d’un ton agressif.

Elle ne jugea pas à propos de donner de raisons ni d’explications.

La franche vérité c’est que les autres enfants n’en voulaient pas non plus, mais étant moins francs que leur sœur, ils se dérobaient derrière des prétextes.

Le père Dubon alla donc à l’hospice. Sa pension de vieillesse lui permettait de payer pour son entretien. Quatre années s’écoulèrent. Mais le vieux s’ennuyait, s’ennuyait à mourir parmi tous ces timbrés avec qui il ne pouvait s’accorder. Alors, Guillaume, celui des garçons qui demeurait à la campagne songea que les vingt piastres que son père recevait chaque mois de l’État lui seraient bien utiles à lui. Donc, il alla chercher le vieux à l’hospice de la ville et l’amena chez lui. Vrai, il était bien encombrant le père, mais vingt piastres par mois c’est de l’argent. Près d’un an passa puis, un jour, fatigué, agacé par son petit fils qui s’amusait à le taquiner, le vieux lui lança un coup de pied et le jeune se mit à brailler comme un veau. En entrant chez lui le soir, le père fut informé de ce qui était arrivé. Alors, il fit une colère terrible. « Frapper un enfant, peut-être l’estropier, le rendre infirme. Ah, non ! ça ne se passera pas comme ça, ça ne se répétera pas. Il est dangereux ce vieux-là. Il s’emmalice. Faut l’enfermer. C’est dans une cage qu’il faudrait le mettre ».

Alors, le lendemain matin, le fils a fait sortir le vieux du lit et sans même lui donner à déjeuner, l’a conduit à l’hospice du village. Il l’a abandonné à la porte comme un paquet d’ordures dont on se débarrasse. Débrouille-toi,