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fin de roman

Que d’aventures ! Que d’aventures !

C’est souvent comme cela que les choses arrivent lorsqu’on part en vacances. J’avais connu plusieurs jeunes filles qui étaient parties pour un congé d’une quinzaine de jours et qui étaient revenues avec un mari. Et elles n’étaient pas plus malheureuses que d’autres.

J’étais comme si j’avais pris une demi-douzaine de cocktails. Les événements m’étourdissaient. Je n’étais arrivée que depuis une semaine à Miami et j’avais reçu une demande en mariage. J’étais venu ici pour un bref séjour et j’étais maintenant à même d’y demeurer aussi longtemps que je le voudrais. Réellement, je ne pouvais dire que j’éprouvais de l’amour pour l’homme qui me demandait de l’épouser. Je le connaissais depuis trop peu de temps pour cela. Certes, il me plaisait fort, je trouvais sa compagnie agréable, je ne lui connaissais pas de défauts, mais comme tous les hommes, il devait en avoir. Dans tous les cas, ils devaient être plutôt légers. Par moments, je songeais à Vernon Faber que j’avais aimé d’un amour profond, complet, mais le destin m’avait jetée en dehors de sa vie. Qu’est-ce que le sort me réservait avec Louis Mercer ? Je me posais cette question qui me paraissait insoluble comme elle l’est pour toutes les femmes qui se marient. Je n’étais plus une petite fille pour me bercer de chimères irréalisables. Un charmant homme, plus déjà de la première jeunesse et apparemment pourvu des biens de ce monde m’offrait de joindre nos destinées. Pourrais-je jamais trouver mieux ? La chose paraissait improbable. Peut-être avec le temps, arriverais-je à aimer d’amour le compagnon qui s’offrait. Je me cassais la tête à rouler ce problème dans mon cerveau. Terriblement fatiguée, je m’endormis.