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fin de roman

mon désir. Comme le tarif des hôtels est beaucoup moins cher l’été que l’hiver là-bas, je me dis que je pourrais passer là une douzaine de jours sans faire de dépenses exagérées. Je n’avais pas besoin de dépenser d’argent pour des toilettes car je n’avais pas encore porté celles que j’avais achetées pour mon voyage de noces avec Vernon Faber. Avant mon départ, toutefois, je cédai à la tentation et fis l’acquisition d’une robe en crêpe de soie noire avec ornements de passementerie avec motifs décoratifs chinois.

À Miami Beach, au bord de la mer, il me semblait être une autre personne. J’avais laissé, du moins momentanément, tous mes souvenirs amers en arrière. Sur la plage, devant l’infini de l’océan, je ressentais pleinement la joie de vivre. J’aurais voulu passer là des jours et des jours. J’aurais voulu que mes vacances durassent toute la vie. C’est à ce moment que la destinée vint de nouveau jeter le trouble dans mon existence mouvementée.

J’avais passé l’après-midi à me baigner et à me chauffer au soleil. Comme je me levais pour retourner à l’hôtel, un visiteur à la plage qui avait fait comme moi et que j’avais distraitement remarqué, secoua son maillot de bain afin de le débarrasser du sable qui le recouvrait.

— Miami est bien agréable, fit-il d’un ton aimable comme je passais à côté de lui.

— Certes, répondis-je et le temps passe si vite que nous le voyons à peine. Nous aurons des regrets de quitter l’endroit.

— Vous ne songez pas déjà à partir ? demanda-t-il.

— Non. Je suis ici depuis quatre jours et j’ai encore toute une semaine à me reposer mais j’aimerais à séjourner ici tout l’été.

— Qu’est-ce qui vous appelle ailleurs ?