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fin de roman

après-midi. Je l’assurai que j’irais avec plaisir. Toute la nuit, je pensai à ma visite du lendemain, me demandant ce qu’elle pourrait m’apporter. Bien certain que je ne voulais pas faire de folies. Non, pas servir de jouet pour quelques jours et être ensuite mise de côté.

En me regardant dans mon miroir, je me disais que je pourrais le conquérir, l’amener à me demander en mariage. Cette idée de mariage me remuait toute. En me rendant au bureau de mon ami j’arrêtai en passant chez un fleuriste et achetai un petit plant de géranium dans un pot pour mettre une note de couleur dans son cabinet de consultations.

Lorsque je vis son nom : Dr Norman Baumer, sur la plaque en cuivre posée à côté de sa porte, je m’enthousiasmai à la pensée que je pourrais peut-être devenir sa femme.

Le jeune médecin se montra enchanté de me voir, mais je fus péniblement impressionnée par l’aspect de la pièce qui constituait son bureau. Tout était mesquin. On sentait trop que les meubles avaient été achetés en vue de payer le plus bas prix possible. Peut-être même n’étaient-ils pas payés, avaient-ils été achetés à crédit. Ce fut une idée qui me vint et elle était loin d’être agréable. J’installai mon géranium sur le cadre de la fenêtre.

— C’est gentil, déclara-t-il tout de suite. On sent qu’une femme a mis là un peu de son charme et de sa grâce. Oui, continua-t-il, ce serait charmant d’avoir une femme comme vous pour embellir la pièce de son sourire au cours d’une brève apparition et pour illuminer la vie. Il fit une pause. Mais c’est là un rêve, continua-t-il, car pour cela, il faudrait un revenu et ce que je gagne avec mon travail de nuit au bureau de poste suffit juste à me