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femme bénéficiaire. Il était mort avant d’obtenir le divorce demandé. J’héritai donc de quatre mille piastres. Je les avais bien gagnées. Quelques mois plus tard, étant allée entendre une musicienne de mes connaissances qui prenait part à un concert je voulus après l’audition aller la féliciter. Dans sa loge je rencontrai plusieurs personnes à qui je fus présentée. Dans le nombre se trouvait le Dr Baumer. Nous causâmes musique un moment puis de théâtre et il paraissait m’écouter avec plaisir. Je lui demandai s’il avait déjà entendu la violoncelliste Pauline Forbes.

— Je n’ai jamais eu ce plaisir, dit-il, mais j’ai lu dans les journaux des articles fort élogieux à son sujet.

— Si cela pouvait vous intéresser, dis-je, j ai justement reçu deux billets de faveur pour le récital qu’elle doit donner la semaine prochaine et je serais enchantée de vous en donner un.

— Certes, vous me rendriez très heureux et j’aurais en plus l’agrément de goûter cette musique près de vous.

J’ouvris alors ma sacoche, pris l’une des cartes d’admission et la tendis au jeune médecin. Il y jeta un coup d’œil.

— Alors, c’est pour jeudi soir prochain. Merci. Je serai là et je compte bien passer une couple d’heures fort agréables.

Le jeudi soir, nous eûmes un merveilleux régal musical. Pauline Forbes était une grande artiste. C’était une virtuose, mais aussi et surtout, elle jouait avec âme. Mon compagnon et moi étions tout vibrants, tout émus en sortant de la salle.

Grâce à vous, me dit-il, j’ai vécu des moments que je n’oublierai pas de sitôt. Si vous permettez, ajouta-t-il comme nous allions nous séparer, je vous inviterais à ve-