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fin de roman

— Si tu es pour le laisser, donne-le moi. Si j’ai encore de la place, je le mangerai.

— Je crois que je vais être obligée de laisser le mien dans mon assiette, fait Zélie. Je ne me sens pas capable de dévorer tout ça.

— C’est trop de valeur de laisser se perdre du bon manger. Si tu le laisses, je vais le prendre.

Et les tranches de veau pressé s’empilent dans l’assiette de la tante Françoise. Devant cet amoncellement de nourriture elle se met à l’œuvre. Rapidement, elle fait disparaître les portions de poulet et de jambon, puis elle s’attaque au veau pressé. Elle mange, elle mange…

— Ça doit coûter cher pour vous nourrir, remarque Mathilda.

— Ben, tu sais, à des noces, faut manger, explique la tante.

Et elle engloutit les victuailles.

— Ça m’a forcée, mais j’ai tout mangé, déclara-t-elle en repoussant devant elle son assiette vide.

Mais l’après-midi, de retour chez elle, elle éprouve un malaise, se sent malade. Tout d’abord, elle croit qu’il s’agit d’une indigestion et elle prend une dose de sel effervescent. Cependant, le mal augmente. Alors, le soir, elle se sent si souffrante qu’elle dit à Zélie de faire venir le médecin. Zélie va chez le voisin et téléphone. On lui répond que le docteur est sorti pour faire un accouchement. Dès qu’il sera de retour, il ira voir la tante. L’on attend…

La nuit se passe. La tante est au plus mal. Lorsque le médecin arrive enfin, après un rapide diagnostic et au récit de ce qui est arrivé, il déclare qu’il s’agit là d’un empoisonnement par la ptomaïne. Il reconnaît que le cas est désespéré. Tout de même, il administre une drogue et