Page:Laberge - Fin de roman, 1951.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
fin de roman

— Il était marié depuis une couple d’années lorsque je l’ai rencontré pour la dernière fois avant de le retrouver ici. Vous ne saviez pas cela ?

— Il m’avait dit qu’il était garçon et m’avait toujours laissé entendre que nous nous marierions aussitôt qu’il aurait trouvé un emploi.

Sa tête se pencha sur sa poitrine. On aurait dit qu’elle avait été pétrifiée par la surprise et la douleur.

— Vous le connaissez depuis longtemps ? demanda-t-elle au bout d’un moment.

— Bien, nous avons été au collège ensemble à Valleyfield où demeuraient nos familles. Après cela, je l’ai revu de temps à autre, mais je n’ai jamais su ce qu’il faisait.

Luce restait là écrasée, démolie par cette brusque révélation. Tous ses projets d’avenir, tous ses rêves avaient été brutalement brisés, anéantis.

Elle passa la nuit à pleurer.

Mais elle en avait encore à apprendre. En effet, quatre jours plus tard, Rosalba arriva de nouveau à la chambre de sa sœur.

— Je sais que tu ne vois jamais les journaux, alors, je suis venue. Tiens, lis ça.

Luce prit la feuille qu’on lui tendait.

— Ici, fit Rosalba en lui désignant la chronique des tribunaux.

Alors, l’autre lut.

Le journal racontait qu’à la suite d’un gros vol commis dans une banque, les détectives avaient visité toutes les salles de pool afin d’interroger les jeunes gens qu’ils trouveraient là. Ils leur avaient demandé en plus de produire leur carte d’enregistrement national. Plusieurs d’entre eux n’en avaient pas. Dans le nombre Francis Mérou.