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fin de roman

quelques petites robes, de sorte qu’elle ne détonnait pas dans le cadre où elle se trouvait.

Luce espérait rester longtemps dans cette maison.

L’anniversaire de naissance de Fernand Roupy, l’ami préféré de Mme Perron, approchait. Celle-ci qui, depuis des mois, possédait une superbe photographie de l’artiste de la radio en avait fait faire un agrandissement, lui avait fait poser un beau cadre doré et elle voulait le lui offrir le jour de sa fête. Pour ce soir-là, elle lui avait dit d’inviter quelques camarades à souper. À cette occasion, comme toujours d’ailleurs, Mme Perron avait bien fait les choses, elle avait préparé un succulent repas et la table présentait un fort joli coup d’œil lorsque les amis de M. Roupy arrivèrent. Le portrait de l’artiste avait été placé sur un chevalet, remplaçant un paysage donné par un précédent admirateur de madame. Pour la circonstance et afin de faire de cette fête un événement mémorable pour ses invités, Mme Perron avait revêtu une robe de voile qu’elle avait endossée sans mettre aucun autre article de lingerie. C’était comme si elle était enveloppée dans une toile d’araignée. Elle donnait l’effet d’une admirable statue vivante. Tous les regards convergeaient vers elle et c’était un concert de compliments à son adresse. L’on se mit à table. L’artiste de la radio assis à la droite de sa maîtresse était tout rayonnant, tout glorieux. Chacun se disait que c’était une belle fête. Comme l’on attaquait le rôti, l’on entendit le bruit d’une porte qui s’ouvre et l’instant d’après, M. Perron apparut dans la salle. Il y eut un moment de stupeur et le silence se fit. En deux secondes, les regards du voyageur de commerce embrassèrent la scène qu’il avait devant lui. Il ne se lança pas dans une grande tirade comme dans Hernani, mais d’un ton décidé et poli :