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Sous tous ces noms divers on t'adore en tout lieu,
Depuis le sage allier qui te cherche en lui-même,
Jusqu'à l'humble reclus qui ne te voit qu'en Dieu.

Le peintre, qui d'un trait rend la toile vivante,
Le sculpteur, amoureux des êtres qu'il enfante,
Le poète inspiré, qui, dans de vains transports,
Sur sa couche de feu, dans les nuits solitaires,
Se roule, et tend les bras aux visions légères
Qui passent, en riant de ses tristes efforts,
Tous meurent de ta soif, tous brûlent de ta flamme ;
Nul ne t'a pu saisir, idéale beauté !
Ou si ta vue en songe a satisfait leur âme,
A l'heure du réveil, que leur est-il resté ?
Quelques pâles rayons, quelques vagues images,
Pareils à ces débris d'un arc-en-ciel brillant,
Décolorés par les nuages,
Effacés par la pluie, emportés par le vent.

C'est à vous, morts fameux, à vous que j'en appelle !
Parlez-nous, dites-nous, du fond de vos tombeaux,
Si, par delà la sphère où vous porta votre aile,
Vos yeux n'embrassaient pas une sphère nouvelle,
Des lointains plus brillants, des horizons plus beaux ?