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de nos villes sont qualifiés pour faire d’excellents colons comme l’expérience l’a prouvé.

Nos enfants de cultivateurs, par leurs habitudes, sont admirablement propres à ce genre de vie. Ce sont en général les seuls qui résistent aux rigueurs du travail et de la misère. Avec un peu de secours de leurs parents, ils peuvent fonder, en peu d’années un bon établissement agricole. Il est du devoir de ces pères qui ont une nombreuse famille d’explorer ces terres, de choisir de bons lots, de commencer les défrichements pour y placer définitivement ces enfants quand ils auront atteint l’âge de se marier. Pourquoi subdiviser la propriété, la surcharger de rentes, d’hypothèques, d’obligations lorsque la Providence a été si prodigue à notre égard en livrant à notre activité un vaste territoire pour y établir nos enfants à si peu de frais. L’éloignement n’est rien pour le canadien quand les routes sont bonnes pour qu’il puisse visiter les vieux parents. Pourquoi se presser les uns sur les autres, comme les poussins sous la poule, lorsque des espaces immenses se déroulent devant nous pour nous recevoir. Il y a trop de préjugés même parmi les pauvres contre les montagnes. Tout territoire qui ne ressemble pas à la plaine du St Laurent, selon un grand nombre, est très défavorable pour la culture. C’est encore une illusion. On vit aussi bien dans les montagnes que dans la plaine qui n’est que l’exception, puisque le globe est presque tout couvert de montagnes. Quand on est chez soi, on est toujours près. L’air, la chaleur, le pain, la viande sont aussi bons là qu’ailleurs. L’eau y est meilleure. C’est l’appétit qui fait la table et le travail est un excellent stimulant. On y élève des animaux, on fait du beurre, du fromage et en adoptant l’élevage du bétail pour vivre, on suit la méthode la plus profitable de la véritable agriculture. Quand la terre se couvre de moissons, elle épuise sa vitalité pour nous nourrir et nous enrichir. Il faut donc l’entretenir par une culture intelligente. Que ferait l’homme s’il ne réparait pas, par le pain quotidien, ses forces affaiblies ? La terre est soumise à cette loi. Or, son pain pour conserver ou rétablir sa fertilité, c’est le fumier. Voilà la base de l’agriculture comme deux et deux font quatre sont la base de l’arithmétique. C’est une vérité qui n’est pas assez comprise par les cultivateurs. Quand elle sera pratiquée dans toute sa perfection, le reste viendra par surcroit en agriculture. Par le fumier, les champs poussant le double, le triple d’herbe, de foin, de paille, de grains, on peut élever le double et le triple d’animaux et faire le double et le triple d’argent. Si on néglige les engrais, c’est le contraire qui double et triple et puis nos champs sont luxuriants de pauvreté. Voyons la quantité de minéraux que 10 minots de blé enlèvent à la terre.

BLÉ. PAILLE. BLÉ. PAILLE.
Potasse
2.86 l. 8.17 l.
Oxide de fer
0.08 0.94
Soda
1.04 0.12
Acide phosphorique
6.00 2.22
Chaux
0.34 4.84
Acide sulfurique
0.03 4.20
Magnésie
1.46 2.76
Chlore
0.00 0.79

Ces éléments fertilisants ne peuvent venir de l’air, mais ils se trouvent dans les fourrages que le bétail consomme pour sa nourriture et que l’on remet à la terre par les engrais.

Par ce mode de culture, et en semant dès la première année du mil et du trèfle, il sera facile au jeune cultivateur d’entretenir la fertilité primitive de sa terre et éviter les fautes de ses ancêtres qui, en vendant leurs grains et