Page:Labelle - Pamphlet sur la colonisation dans la vallée d'Ottawa et Règlements et avantages de la Société de colonisation du diocèse de Montréal, 1880.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comportent les exemptions que nous venons d’énumérer ? Il lui faut un certain crédit pour se procurer les avances qui lui sont nécessaires de temps à autre ; et si la loi refusait au marchand tout recours légal contre lui, il serait tout naturel de supposer qu’il ne lui livrerait que sur argent comptant, même les choses les plus indispensables à la vie. Ainsi, en voulant protéger le colon outre mesure, on lui enlèverait sa solvabilité, et on s’exposerait à le voir mettre ses meubles et ses animaux en gage, ou les vendre à de vils prix, pour faire face à un besoin pressant.


Saint-Raymond, 16 novembre 1880.

À M. l’abbé A. Labelle, Ptre,


Curé de Saint-Jérôme,


Monsieur. — J’ai l’honneur de vous soumettre un rapport succinct des explorations que je viens de faire dans les régions des rivières Rouge, Kiamika et du Lièvre, dans le but d’y tracer un chemin de colonisation depuis la Rouge jusqu’à la jonction des rivières Kiamika et du Lièvre, passant par le lac Nominingue, et d’y faire des observations sur la nature et l’étendue du terrain propre à l’agriculture.

Je suis heureux de pouvoir vous dire que j’ai réussi à tracer un bon chemin depuis le rapide des Pins, sur la Rouge, jusqu’au delà du lac Nominingue. Ce chemin, sur le parcours duquel les deux tiers du terrain sont propres à la culture, sera facile à ouvrir, ayant été soigneusement tracé, afin d’éviter tout obstacle, tels que côtes, marais, etc. Il s’y trouve, à divers endroits, de magnifiques pouvoirs d’eau dont les colons pourront grandement bénéficier. Il y a aussi le long de la Rouge d’excellent terrain pour la culture. J’ai vu, à la ferme de M. Ross, ainsi qu’à celle de M. Joseph Varin, dans le haut de la Rouge, des champs de grain et de patates qui m’ont inspiré une haute idée du sol en cet endroit ; d’autant plus que ce terrain n’était autrefois qu’un vaste brûlé, qui semblait impropre à la culture.

Rien n’est comparable, cependant, à la région du lac Nominingue et à toute cette vaste étendue de terrain circonscrit par le lac Nominingue, la Nation, la Lièvre et la Kiamika, qui forme environ soixante milles carrés de beaux terrains fertiles qui offrent de grands avantages de succès à la colonisation. Le long de la Lièvre, le sol paraît être encore plus riche.

Ayant été appelé par le département, il m’a fallu suspendre le tracé du chemin de colonisation au lac Nominingue ; mais je dois y retourner prochainement pour le continuer. Lorsque ce chemin sera ouvert, et qu’il y aura un établissement tel que projeté au lac Nominingue, je n’hésite pas à dire que toute cette contrée offrira de grands avantages à bon nombre d’anciennes paroisses, en leur permettant de diriger vers ces terres le surplus de leur population.

J’ai l’honneur d’être,
Monsieur le Curé,
Votre très obéissant serviteur,
JOSEPH BUREAU, Explorateur.