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Gorée, 20 avril 1785



Je viens d’assister à une noce, et le plaisir que j’ai goûté ne serait pas complet si je ne pouvais vous en faire part. Ici comme au Sénégal, l’union des deux sexes a un caractère particulier. Un jeune homme est épris d’une jeune fille : il demande aux parents la permission de se marier. Si les parents y consentent, on enferme les futurs époux dans une chambre. Les griottes[1], espèce de charlatans, attendent

  1. Les griottes, hommes et femmes sont réputés infames et privés de sépulture après leur mort : leurs bouffonneries sont grossières et indécentes ; chaque village a les siens. On les traite bien durant leur vie, afin d’éviter les injures qu’ils vomissent contre ceux dont ils ont à se plaindre. La crainte qu’ils inspirent leur procure une sorte de considération, mais qui n’est qu’apparente, et dont on se venge après leur mort. Leur corps est ordinairement attaché à une branche d’arbre. Au Sénégal ils sont enterrés comme les autres.