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dehors de l’armée régulière, il ne dut son salut qu’à un hasard absolument extraordinaire.

L’officier commandant le peloton d’exécution lui demanda s’il n’avait pas quelque volonté à exprimer avant de mourir. Duchesne le pria simplement de prévenir sa famille et, voulant donner son nom, sortit une carte de visite de sa poche. Le trouble, l’émotion qu’il devait avoir en ce moment suprême, allaient le sauver. Au lieu de sa carte, ce fut celle de sa camarade, Mlle Schrœder, qu’il remit sans s’en douter. « Vous connaissez Mlle Schrœder », s’écria l’officier. « Nous avons chanté ensemble au Théâtre-Lyrique », répondit Duchesne. Mlle Schrœder était, on le sait, d’origine allemande. Elle faisait partie de la troupe de l’Opéra-Comique au moment de la déclaration de guerre. Elle réussissait, en scène, à corriger un accent tudesque assez prononcé et ne se gênait pas pour prédire les victoires de ses compatriotes. Par quelle coïncidence l’officier allemand, qui s’exprimait d’ailleurs dans un français très correct, connais-