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toire, et qui était, nous l’avons dit, lieutenant des mobiles de Saône-et-Loire, venait de quitter l’ambulance d’Agar pour reprendre son service. Il prit part à une de ces soirées, avant de quitter Paris, et obtint un vif succès avec les beaux vers de Leconte de Lisle : Après la bataille.

C’est aussi à une de ces représentations que Frédérik Lemaître lisait la Nuit du 4 avec cette voix prenante, cette émotion communicative inoubliables pour tous ceux qui l’ont entendu. En ces soirées lugubres du siège, l’impressionnabilité du public était particulièrement vive, on pleurait, tandis que le grand Frédérik, en longue redingote, lisait les vers des Châtiments à la lueur d’une lampe fumeuse. Au beau milieu du morceau, Frédérik Lemaître s’arrête, sort tranquillement un mouchoir de sa poche, essuie son lorgnon que l’humidité avait obscurci, serre son mouchoir, remet, sans se presser, son lorgnon, reprend sa lecture, et, quelques secondes plus tard, après deux ou trois vers, l’émotion du public était aussi intense qu’auparavant.