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« Le Chant de la Paix »

vir une vengeance. Je crois qu’il est dans notre intérêt de redoubler de prudence, sans m’inspirer de réelles craintes, il se pourrait fort bien, tout de même qu’elle nous réserve à nous tous quelques désagréables surprises.

— Pour cela, reprit l’homme inconnu qui venait d’entendre les avertissements formulés par Jean Desgrives, je puis encore une fois vous certifier que ces craintes sont tout à fait exagérées. Je suis sûr que ce que vous verrez n’aura rien de bien agréable pour vous, mais par contre la satisfaction que vous éprouverez en obtenant des preuves de l’innocence de cette jeune fille, vous feront bien vite oublier la laideur du spectacle qu’il me faut vous offrir. En tout cas, je vous supplie encore une fois d’avoir confiance en moi et de me suivre sans crainte.

Complètement rassurés cette fois par les paroles de l’étranger qu’ils croyaient sincère, ils pénétrèrent sans plus d’hésitation dans la maison mystérieuse. Le spectacle qui s’offrit à leur vue était vraiment des plus lamentables. Presque l’ombre de lui-même, un vieillard aux cheveux blanchis, semblait voir venir la mort avec une frayeur indicible. Il était facile de se rendre compte que le moribond attendait leur visite, en les voyant apparaître, un changement subit s’opéra. Sa figure rigide, ses yeux sans éclats semblèrent renaître à la vie. À en juger par son apparence, cet homme avait lui-même beaucoup souffert. Pour un esprit observateur, il était également facile de s’apercevoir que ce n’était pas seulement la souffrance physique qui l’avait terrassé, la souffrance morale avait joué un grand rôle, et le faisait sans doute gémir encore. Voyant que ses forces allaient l’abandonner, le vieillard, d’un signe de sa main décharnée, les fit s’approcher de son misérable grabat, et là d’une voix presque éteinte, commença aussitôt son horrible confession :

— Rendu au terme de ma vie, j’ai voulu avant de