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« Le Chant de la Paix »

prévenu. Veuillez me faire amener cet homme. Je suis anxieux de connaître des motifs de l’entrevue qu’il réclame.

— Fort bien, Jean, mais laissez-moi vous dire que cet homme a un aspect tout à fait étrange. Cela m’effraie et me fait craindre pour vous quelques dangers. Ne croyez-vous pas qu’il serait plus prudent que je prévienne moi-même les domestiques afin qu’ils puissent le surveiller très étroitement ? Je vous le répète, cet homme sans avoir l’air d’un criminel, vous fera certainement comme à moi-même, une étrange impression.

— Je vous laisse libre d’agir comme il vous plaira. Il est bien rare, en effet que l’on se repente d’avoir agi avec trop de prudence. Veuillez, si c’est là votre désir, prévenir vous-même les domestiques que je le recevrai ici.

— Très bien, fit-elle ! et vivement elle sortit. Après un temps relativement court, Jean put se rendre compte que Lucia n’avait rien exagéré. L’aspect de cet homme était des plus lamentables. Misérablement vêtu et d’une pâleur cadavérique, sa face osseuse lui donnait l’aspect des plus sinistres. Seul son regard doux et franc parlait en sa faveur, inspirait la confiance. Pris de pitié à la vue de cette épave humaine, Jean Desgrives s’était levé pour s’en approcher et iui dire :

— Mon ami, je ne sais si ma mémoire fait défaut, mais votre nom et votre personne me sont tout à fait inconnus.

— Evidemment, votre mémoire ne peut se souvenir de ma personne puisque le temps et la souffrance m’ont complètement changé. Quant à mon nom, je ne pourrais l’affirmer, mais il se pourrait fort bien qu’il soit de vous complètement inconnu.