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Roman illustré du « Soleil »
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geant la peine capitale, pour la crime dont je me suis accusée. Il est nécessaire en cet instant que nous éloignions notre pensée de nos propres misères pour envisager celles de notre pauvre peuple. Parmi cette foule qui s’avance, se trouvent des pères et des mères, des frères et des sœurs qui ont vu un ou plusieurs des leurs s’engouffrer dans cette fournaise ardente pour blentôt tomber face à l’ennemi. Je ne voudrais pas qu’il me pardonne sans avoir des preuves de mon innocence… Je regretterais d’avoir sacrifié mon honneur et le peu de vie qu’il me reste pour un peuple qui n’a plus l’esprit de justice, qui reste sourd à la voix de son sang qui crie vengeance. Il est donc juste à mes yeux que la mort soit la peine exigée pour un tel crime ! Il me semble qu’il y a en cette circonstance, autant de noblesse dans celui qui sait punir, comme dans celui qui sait souffrir…

À ces mots, la baronne s’arrêta. À son sens, il y avait tellement de sagesse dans les paroles de cette jeune fille, qu’elle en était stupéfiée. Dominée par la grandeur d’âme de la frêle enfant, elle ne put retenir ses larmes ; tombant à ses genoux, elle s’écria au milieu de ses sanglots :

— Rita, quel est donc le secret de ta force, où donc as-tu puisé cette résignation si sublime ? N’y a-t-il pas que les saints qui puissent tenir un tel langage et envisager sans faiblir une si pénible situation ?

— Il n’est pas besoin d’avoir une âme de sainte pour être animée de ce courage qui vous parait si extraordinaire ; songez que l’âme qui a beaucoup souffert se détache souvent de la vie., reste presque insensible devant l’adversité, étant sûre que tout est voulu ou permis par Dieu.

À peine eut-elle achevé cette phrase que des pas