Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
« Le Chant de la Paix »

le poids d’une telle douleur… C’est moi qui suis marquée par le destin… c’est moi qui dois mourir… Ne voyez pas, je vous prie, dans ma résignation, du simple désespoir, puisque je crois en Dieu.

Cette foi qui anime mon cœur me fait espérer qu’un jour, Dieu saura faire éclater mon Innocence… Avant de vous faire mes ultimes adieux, je voudrais vous confier une lettre qui, le Jour de ma réhabilitation, donnera à Jean Desgrives les preuves de mon innocence et le secret de ma force… Pour que je meurs heureuse, n’emportant aucun regret de la vie. Jurez-moi de garder secrètement ce pli cacheté, et de ne le remettre au vainqueur de cette guerre, que le jour où l’on aura reconnu mon innocence… Le temps est maintenant venu de nous quitter à jamais ; la clameur du peuple qui devient plus distincte à mesure qu’il s’approche, semble vous avertir du danger qui vous menace… Quittez ce sombre cachot, indigne de votre bonté et de votre noblesse ; gardez pour d’autres malheureux les trésors de votre bon cœur, ne vous apitoyez pas davantage sur mes misères… Il n’appartient plus qu’à Dieu de les comprendre et de les soulager…

— Mais, Rita, je ne peux pas te quitter, t’abandonner à cette mort ignominieuse quand je te sais innocente. Laisse-moi te suivre, intercéder une dernier fois auprès du peuple ; peut-être qu’il saura me comprendre, et te pardonner…

— Pour le peuple je suis une vraie coupable. Pour qu’il me pardonne, il vous faudrait lui donner des preuves de mon innocence. Comment parviendrez-vous à obtenir ce pardon puisque ces preuves vous ne les avez pas ? Perdue dans son estime par mes propres aveux, je ne subis pas en ce moment l’injustice de mon peuple, la loi fait preuve seulement de sagesse en exi-