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Roman illustré du « Soleil »
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de sa culpabilité. Se tournant alors vers ses soldats, il leur dit :

— Cette déclaration permet donc de libérer Jean Desgrives. Agir autrement, en cette circonstance, serait soulever une révolte qui serait bien désastreuse. Déjà le peuple exaspéré demanda la liberté de son chef et réclame le châtiment immédiat de la misérable. Pourtant, il nous faut à tout prix la soustraire à la haine de la foule. Sa présence auprès des autorités nous justifiera, puisque nous avons pour mission de ramener le coupable. En agissant ainsi, nous n’avons plus rien à craindre, c’est sur elle que retomberont désormais toutes les responsabilités. S’approchant de Jean Desgrives, il lui dit : « L’aveu de cette jeune fille devant tout un peuple pour témoins, vous innocente et par conséquent nous donne le pouvoir de vous accorder votre pleine et entière liberté.

— Mais, se récria Jean Desgrives, fortement emu, osez-vous croire à sa culpabilité ? Ne voyez-vous pas que la jeune fille vient de faire cet aveu, dans le seul but de me sauver. Jamais je ne pourrai consentir à un tel sacrifice ! Je crierai plutôt au peuple que je suis coupable ! Je ne veux pas que ma liberté ait pour prix le sans d’une innocente, je préférerais cent fois mourir plutôt que de consentir à une telle monstruosité.

— Alors, commandant Jean Desgrives, laissez-moi vous rappeler que je suis comme vous un soldat au service de la France, permettez-moi de vous rappeler également que les circonstances douloureuses de l’heure semblent vous faire oublier que le devoir d’un vrai soldat est de n’offrir sa vie que dans l’intérêt de son peuple. Ne vous rendez-vous pas compte que cette jeune fille, par son aveu, vient de se condamner inévitablement à la mort. Nulle puissance humaine ne pourra donc maintenant l’en arracher ; votre aveu ne ser-