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« Le Chant de la Paix »

devoir de soldat m’oblige à répondre à l’appel de mes supérieurs qui possédant des preuves accablantes de ma culpabilité, se voient dans l’obligation de procéder à mon arrestation. Échapper à cette arrestation serait sauver la France… Nos ennemis qui avaient sans doute compté sur le vol des plans dont on m’accuse, n’ont pu en pénétrer le mystère. Alors prévoyant sans doute leur défaite imminente à l’approche de mon armée qui allait les surprendre, ils se sont servis de ces plans pour me perdre dans l’estime de ceux qui me les avaient confiés. Ils espèrent retarder par ce moyen cet assaut qui déjà les remplit d’épouvante. Je tremble à la pensée qu’en reconnaissant trop tard mon innocence, la France s’achemine par là vers sa défaite… En cette circonstance, ma volonté est impuissante, et seuls ceux qui m’accusent ont le droit de me juger.

Au même moment, Rita, accablée de fatigue, les cheveux épars, telle une démente, venait d’atteindre l’endroit où se déroulait cette tragique scène. Oubliant la foule qui curieusement la regardait, elle s’avança bravement. Dans un suprême sacrifice de son honneur et de sa vie, elle s’écria :

— « Cet homme n’est pas celui que vous devez arrêter, c’est moi qui suis la seule coupable ». Craignant que Jean Desgrives ou les soldats devinant son innocence, ne voulussent pas accepter, malgré tout, le sacrifice qu’elle s’imposait en s’incriminant davantage à leurs yeux et aux yeux du peuple, elle ajouta :

— Ce fut contre sa volonté que je réussis à pénétrer dans ses appartements. Dans le but de me venger de cet homme que j’eus le malheur d’aimer, j’ai volé las plans… Les remords qui m’ont assaillie en voyant qu’il allait payer de sa vie mon crime m’ont forcée à venir me livrer… Rendez la liberté à cet homme injustement accusé.

— Évidemment, se dit le chef du détachement, cette jeune fille vient de donner des preuves indéniables