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« Le Chant de la Paix »

les coups de ces lâches agresseurs, n’était autre que le soldat chargé de garder le cabinet de travail de Jean Desgrives.

Le bandit s’empara alors de l’uniforme du gardien et se mit à son poste, convaincu que personne ne pourrait s’apercevoir que le soldat qui avait mission de veiller sur des papiers précieux venait d’être remplacé par un ennemi de la pire espèce. Retenu prisonnier dans cette maison mystérieuse, le seul homme qui aurait pu dévoiler ce secret était réduit à la plus complète impuissance. Ceux qui avaient charge de le surveiller n’étaient autres que de vils espions qui vivaient à Paris sous l’apparence de paisibles bourgeois français. Voilà pourquoi la visite de Rita n’était pas passée inaperçue à leurs yeux et ne manqua pas de les intriguer très fortement. Quelle était donc cette jeune fille ? se demandèrent-ils, qui avait réussi malgré la consigne très sévère à pénétrer dans le cabinet de l’officier, et pourquoi en était-elle jamais resortie ? Cet homme était-il un assassin ou bien un passage secret lui avait-il permis d’échapperà la surveillance du garde ?… S’il en était ainsi pourquoi se cachait-elle ? et quel intérêt avait-il lui-même à la cacher ? Il y avait là un mystère qu’ils ne parvenaient pas à s’expliquer.

Or. comme on était maintenant rendu à la veille de cette bataille décisive, une activité générale animait les soldats qui avaient reçu ordre de faire leurs derniers préparatifs. Malgré le grand espoir qui inspirait leur courage, il y avait au fond de leur cœur une tristesse qu’ils avaient peine à dissimuler. Beaucoup cachaient des larmes sous un sourire. Pour les uns, c’était le souvenir d’un père, d’une mère, des frères, des sœurs tendrement aimés qui là-bas pleuraient et priaient Dieu de les protéger. Puis d’autres, c’était le souvenir d’une fiancée qu’ils ne reverraient peut-être jamais.