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Roman illustré du « Soleil »
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nière illusion. Ne pouvant prévoir l’issue de cette entrevue, Rita inquiète, se disait :

— Arriverai-je à piétiner ainsi mon cœur sans me trahir ? Pourtant il le faut ! Si je lui laisse deviner mon secret, je ne pourrai pas obtenir la certitude que je cherche… Il me faudra avouer, à mon tour, tout ce que je sais. De cette manière, la situation restera la même, car je sais bien que pour rien au monde, Jean ne faillira à sa promesse Alors, loin d’augmenter son courage et son énergie, je n’aurai contribué par ce moyen qu’à le diminuer.

Rita maintenant avait hâte d’en finir avec cette pénible ignorance. Ce fut avec satisfaction qu’elle vit venir dans le lointain un fiacre qui ramenait sans doute Jean Desgrives.

En effet, elle ne s’était pas trompée, le véhicule venait justement de contourner la route pour s’engager dans la cour du château. Une vive émotion s’empara d’elle, mais avant l’arrivée de Jean, elle put se maîtriser, et ce fut presque calme, qu’elle lui dit en le voyant :

— Jean, vous me pardonnerez sans doute de vous avoir fait venir auprès de moi, malgré que je n’ignore pas combien votre temps est précieux. Je ne pouvais remettre à plus tard l’entrevue que je viens de vous solliciter… Vous avez répondu promptement à mon appel, mon cœur en est profondément touché… Jean, ce que j’ai à vous dire est très grave car il détruira sans doute à jamais un rêve qui fut, pour nous deux… ou du moins pour moi, le plus beau de ma vie…

— Rita, vous ne sauriez croire combien vos paroles me paraissent étranges. Je vous en supplie, abrégez mon supplice… Ouvrez-moi votre cœur : Je saurai détruire l’obstacle qui entrave votre bonheur… Vous savez combien je vous aime.

Rita pâlie en entendant prononcer ce dernier mot, il lui sembla que tout son courage allait l’abandonner.