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« Le Chant de la Paix »

et sous ma protection aucun mal ne te sera fait crois-moi bien

À ces mots, l’enfant sentit une grande joie l’envahir, dans un élan de son cœur reconnaissant, elle s’écria :

— Merci madame, jamais je n’oublierai vos bontés ; je retrouve en vous le cœur de ma mère et je suis sûre que c’est elle, qui du haut des cieux vous a guidée vers moi, soyez assuré que Dieu ne laissera pas votre charité sans récompense.

L’esprit ouvert de l’enfant surprit la baronne. Ce fut avec un intérêt croissant, qu’elle écouta sa lamentable histoire. Orpheline, seule au monde et d’une constitution délicate, qui lui donnait l’apparence d’un enfant très Jeune malgré ses quinze ans accomplis, il lui avait, fallu après la mort de sa mère quitter son village natal, pour chercher asile chez une parente riche qui demeurait aux environ du Paris, mais la fatalité voulut qu’au lieu de trouver là un foyer accueillant, elle ne trouva au gîte espéré que la plus affreuse déception. En effet, la mort avait déjà depuis quelque temps emporté cette protectrice et ses héritiers avec hâte avaient en plus liquidé tous ses biens et par conséquent vendu la propriété où elle se rendait à des nouveaux riches, qui furent sans pitié pour sa détresse.

N’ayant plus d’argent pour retourner à son village il lui fallut malgré sa répugnance demander l’aumône. Après avoir longuement marché, à bout de force elle allait cueillir quelques fruits dans un champ situé aux environs du château de la Roche-Brune, quand des enfants l’aperçurent et la poursuivirent en lui lançant des pierres, dont l’une l’avait si cruellement atteint. Mais enfin Dieu juste et bon avait eu pitié de sa misère et plaça sur sa route la baronne de Castel, cette femme de cœur et d’esprit qui devait la sauver de la misère et lui offrir la douceur d’un foyer nouveau.