Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Roman illustré du « Soleil »
35

pièces voisines. Tout d’abord, elle n’y prêta qu’une indifférente attention, mais lorsqu’elle reconnut que ces voix n’étaient autres que celles de la baronne et de Jean, une violente émotion s’empara d’elle, et sans crainte d’être indiscrète, elle se dirigea vers la porte qu’elle entrouvrit. Là, dissimulée sous les épaisses portières de velours, elle ne perdit pas un mot de l’entretien que voici :

— Jean, disait la baronne, je suis très heureuse que vous rehaussiez, par votre présence l’éclat de cette fête ; vraiment j’aurais été désolée au plus haut point de vous voir décliner l’invitation qu’à la hâte j’ai dû vous faire.

— Je dois vous avouer, Lucia, qu’en effet mon temps est excessivement précieux ; mais en me rendant à votre invitation, je veux simplement prouver que le château de la Roche-Brune exerce sur moi un attrait auquel je ne puis résister.

— Je comprends fort bien, répondit la baronne qui voulait à tout prix connaître le fond de sa pensée, son site est si enchanteur… Je regrette beaucoup que la lune qui s’obstine à rester cachée sous les épais nuages vous empêche de jouir de son magnifique panorama… Je suis tout de même très heureuse de votre appréciation, je vous en remercie… Vous n’ignorez pas sans doute, qu’il est toujours agréable pour une femme d’entendre vanter par un gentilhomme tel que vous, les charmes de sa demeure… Aussi vous ririez sans doute de bon cœur si je vous affirmais qu’un jour, une femme fut Jalouse de son château, l’accusant d’exercer plus de charmes et d’attrait qu’elle même…

— Lucia, je rirais vraiment de bon cœur, si je ne comprenais pas l’ironie de vos paroles, mais devinant dans quel but vous les prononcez je me vois forcé de me taire… Il est dans mon cœur un secret qui m’y autorise…