Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
Roman illustré du « Soleil »
29

— Rita ! quelle étrange chose que la vie, comme les jours d’autrefois se sont assombris, la terre maintenant semble endeuillée, on dirait que le monde agonise… Oui… tout a bien changé… Moi, qui avais rêvé d’être toujours auprès de toi, j’aurais bien ri, va, de celui qui m’aurait dit que bientôt nous serions séparés pour nous retrouver dans de telles circonstances : tu es souffrante et plus que ne le disaient tes lettres.

Oh ! pourquoi n’es-tu pas revenue plus tôt ? Si tu savais combien je souffre de te voir ainsi !… Il est urgent que je m’occupe de toi. Je ne négligerai rien pour que tu retrouves la santé, tu sais quelle place tu occupes maintenant dans ma vie…

À ces mots, Rita se sentit renaître à l’espérance, le doute sembla s’évanouir et dans un élan de son cœur amoureux, elle reprit :

— Jean, mon bien-aimé, puisque je vous retrouve, que m’importe le reste, je sais bien que ce bonheur vaut plus que la santé même… C’est là le seul remède à mes maux… Si vous saviez combien j’ai souffert loin de vous, mais enfin Dieu nous a réunis, cette fois puisse-t-il ne jamais plus nous séparer…

Jean tressaillit, mais il réprima vite cette faiblesse. Décidé plus que jamais à pousser jusqu’au bout son héroïque et noble sacrifice, il ne lui laissa rien deviner du changement qui s’était opéré dans son cœur.

Remis enfin de son émotion et ne pouvant comprendre comment Rita avait pu s’introduire ainsi dans son cabinet de travail, il se disposait à la questionner, lorsque celle-ci devinant sans doute sa pensée s’empressa de lui dire :

— Cela vous semble sans doute étrange que j’aie pu me rendre ainsi jusqu’à vous. Je vais, dès l’instant vous expliquer mon geste. Voici : comme il y avait déjà assez longtemps que je sollicitais cette entrevue, et qu’on semblait disposé à me faire attendre longtemps encore, je profitai d’une distraction du garde pour forcer