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« Le Chant de la Paix »

sa lettre, réponse qui confirmait ses espérances… mais qui, hélas, contenait, en même temps une révélation pénible ; voici le texte de cette lettre :


Ma chère Rita,


Quelle joie et quelle douleur nous a causées ta lettre ! Quelle joie d’apprendre ton retour, mais quelle douleur de savoir que tu es souffrante. Je t’en prie, n’hésite plus un seul instant Pour te décider à revenir au plus tôt parmi nous, il me faut te dire que les dangers de la traversée ne sont pas aussi considérables que tu te l’imagines. Tu n’ignores pas sans doute que les lois de guerre interdisent rigoureusement l’attaque des vaisseaux destinés, au transport des civils. Tu vois alors, que ceci diminue assez les risques pour ne pas hésiter ; tu dois choisir la France comme lieu de convalescence.

Ici, je t’assure que rien ne sera négligé pour que tu trouves le confort et le repas indispensables à ta santé défaillante ; sois assurée que pas un jour ne s’est passé depuis ton absence sans que nous ayons parlé longuement de toi. Malgré que la guerre étende partout son voile de tristesse, il nous semble en ce moment que par magie, le château a repris son ancienne gaité. C’est pourquoi au comble de ma joie, je me sens forcée de te dévoiler un secret, qui ne manquera pas, j’en suis sûre, de te surprendre. Voici : Mon cœur que je croyais fermé à jamais, s’est de nouveau ouvert à l’amour. Je ne sais ce que me réserve l’avenir. L’amour n’apporte pas toujours le bonheur… Qu’importe, c’est la vie, et on ne peut pas s’y soustraire. Celui qui occupe ma pensée présentement, tu le connais très bien ; souvent, tu m’en faisais l’éloge. Je puis donc t’assurer que tu n’avais rien exagéré, et que vraiment, Jean Desgrives est bien l’homme le plus distingué qu’on puisse rencontrer. Je ne sais quels sont ses sentiments à