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« Le Chant de la Paix »

CHAPITRE VII

LES TRIOMPHES ET LES ANGOISSES DE RITA,
LA REINE DES CHANTEUSES


Les succès de Rita furent des plus éclatants. Elle devint bientôt l’idole de l’Amérique qui en fit une des plus grandes célébrités de l’époque. Elle poursuivait sa tâche sans se soucier des fatigues. Lorsque parfois ses forces semblaient l’abandonner, le souvenir de Jean ranimait comme par miracle son courage et lui donnait la force de poursuivre son œuvre. Malgré cela, comme on le devine d’ailleurs, tous ces triomphes n’eurent aucune emprise sur son cœur. Fidèle à ses serments, elle préférait, à toutes les réunions mondaines, la solitude. Ainsi, lorsqu’elle se trouvait seule dans ses appartements, elle relisait ses lettres qui, tel un rayon de soleil, réchauffaient son cœur et versaient dans son âme un baume magique. Pourtant cela ne devait pas durer toujours, le surmenage qu’elle s’imposait sans être aussi pénible que le service d’infirmière, exigeait tout de même une dépense nerveuse, qui altérait de plus en plus sa santé. Force lui fut donc de consulter de nouveau un médecin éminent, qui ne lui cacha pas cette fois l’imprudence qu’elle commettait en ne prenant pas un repos essentiel à sa santé.

— Prenez garde, lui dit-il, demain il sera peut-être trop tard, il se pourrait fort bien que vous regrettiez d’avoir poussé trop loin votre dévouement. Retournez dans votre pays, car vraiment vous avez besoin d’un repos des plus absolu ; de plus le climat de l’Amérique semble contribuer aussi à la ruine de votre santé. Je sais qu’il vous serait pénible d’abandonner votre carrière qui vous promet tant de gloire, mais la vie est remplie de déceptions qu’on n’a pas toujours le pouvoir d’éloigner de notre chemin… Veuillez croire qu’il n’y a rien d’exagéré dans mon verdict, un autre médecin vous donnera les mêmes avertissements.