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« Le Chant de la Paix »

CHAPITRE 1er

AU CHÂTEAU DE LA ROCHE-BRUNE


Des allées somptueuses qu’ombrageaient des arbres gigantesques, des fleurs de toutes les nuances s’étalaient dans le jardin merveilleux que l’on surnommait pour cela : « Le paradis des fleurs ».

On apercevait, au travers de ces feuillages, le magnifique château de la Roche-Brune, qui abritait deux nobles châtelains ainsi que leur fille unique, la Baronne de Castel. Cette dernière, jeune veuve d’une beauté ravissante, avait, malgré sa jeunesse, déjà beaucoup souffert ; mais, aussi bonne que jolie, elle avait pu sans faiblir, gravir son douloureux calvaire en puisant dans son amour, la force de supporter son mari, injustement jaloux, rendu encore plus insupportable par la maladie. Peu à peu, le temps puis l’affection d’un père et d’une mère, avaient cicatrisé la blessure faite à son cœur. Là dans ce château, au milieu des fleurs qu’elle adorait, elle semblait avoir complètement oublié l’amertume de ce triste passé. Un jour, qu’elle se promenait dans les allées de ce jardin, son attention fut attirée par les cris d’une fillette que l’on semblait maltraiter. Il lui était impossible de savoir où se passait le drame, car une haute muraille entourait le Jardin du château. Profondément inquiète, sans plus d’hésitation, elle sortit du jardin pour se diriger vers l’endroit d’où semblaient venir les plaintes. Un spectacle douloureux s’offrit à ses yeux. Une fillette couverte de haillons, la figure ensanglantée, gisait sur le sol ; la pauvre enfant était évanouie. La baronne avait dès l’instant, deviné par l’attitude menaçante des enfants qui l’entouraient, ce qui avait pu se passer, et justement indignée elle leur dit :

— Malheureux enfants sans pitié, que vous a donc fait cette pauvre petite pour que vous la maltraitiez