Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Roman illustré du « Soleil »
13

— Hélas ! Jean, le secret que je croyais être obligée de garder toujours au fond de mon cœur, je vois qu’il faut en ce moment vous le dévoiler… Oui, je vous aime… Si J’ai cherché à vous cacher mon amour, c’est qu’il m’apparaissait sans espoir. Maintenant, quoi qu’il arrive je sens que mon cœur vous appartiendra toujours, l’amour a été plus fort que ma volonté, il m’a forcée à vous révéler cet intime secret…

— Vous ne sauriez croire combien vos paroles me comblent de joie… Soyez confiante dans l’avenir, je saurai vous rendre heureuse, dussé-je pour cela broyer mon propre cœur. Si mon devoir me force à m’éloigner de vous, soyez assurée que mon cœur et ma pensée seront avec vous continuellement… À bientôt, ma chère Rita, lui dit-il, et, fou de bonheur et d’espoir, Jean Desgrives, précipitamment s’en alla.

Après le départ de Jean, Rita se hâta de rentrer au château. Bouleversée par les événements heureux qui lui arrivaient, il lui sembla qu’un peu de repos lui serait salutaire. Lorsqu’elle fut dans ses appartements, elle réfléchit longuement à tout ce qui s’était passé, puis complètement rassurée par l’attitude franche et sincère que Jean lui avait montrée, elle se prit à espérer. Pour la première fois, elle ne chercha pas à combattre les sentiments de son cœur, et s’abandonna tout entière à la grisante rêverie de son premier amour… Des pas qui semblaient s’approcher, l’arrachèrent à sa douce méditation, et toute surprise, elle vit bientôt la porte s’ouvrir, pour livrer passage à la châtelaine qui, toute émue, lui dit en s’avançant :

— « Ma chère Rita, pardonne-moi si je viens troubler ta solitude d’une manière aussi brusque, mais vraiment je n’ai pu résister à l’envie de te faire partager notre bonheur. Je viens justement de recevoir une dépêche nous annonçant le retour de Lucia qui sera ici ce soir même. Ma sœur étant complètement rétablie