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« Le Chant de la Paix »

l’amour que je te porte, écoute-moi bien, grave dans ton esprit ces mots : « Regarde l’épée que je porte ; depuis mon enfance, on m’apprit à la manier avec bravoure. Je suis heureux d’affirmer que jamais je n’ai failli à ce devoir sacré. Toujours elle a défendu vaillamment les causes que je croyais bonnes. Maintenant, les temps sont changés, elle n’a plus la valeur de jadis, car dans un avenir très rapproché, le monde trompé et trompeur n’attaquera plus, face à face, son ennemi. Il ne sera donc plus nécessaire d’être brave pour faire la guerre puisque qu’en possédant les engins nécessaires, les plus grands assauts se déclencheront automatiquement. Ce sera donc la lutte à coup de science. Alors, vois ce que je fais de cette arme, devenue inutile. » D’un coup violent sur le parquet, il la brisa. Prenant les deux parties rompues, il les unit de manière à former la croix, et la brandissant devant l’assistance, il continua :

— Souviens-toi de mes conseils comme je me suis souvenu de ceux de mon père. Rappelle-toi toujours que la croix que je te montre doit être la seule arme qui te grandira aux yeux de l’humanité, et par laquelle tu pourras vaincre tes ennemis. C’est toujours elle qui éloignera de ta route les plus amères douleurs… Ne faiblis jamais dans l’adversité ; que ce soit elle toujours qui défende les causes que ton esprit et ta conscience jugeront bonnes. Je te donne en ce moment l’héritage que chaque humain peut offrir à ses enfants. Il vaut mieux que l’or et l’argent puisqu’il représente le bonheur de deux existences et dont l’une ne finira jamais… Accepte ces conseils comme le gage de mon suprême amour…

Jetant sur son fils un regard attendri, il se sentit envahi d’une immense pitié en songeant à l’incertitude de l’avenir. Vaincu par l’émotion, et pour cacher