commemoracion d’Amour : comme celui, pour lequel les hommes font plus que pour nul autre. C’eſt pour lui que lon fait des ſerenades, aubades, tournois, combats tant à pied qu’à cheval. En toutes leſquelles entrepriſes ne ſe treuuent que ieunes gens amoureus : ou s’ils s’en treuuent autres meſlez parmi, ceus qui ayment emportent touſiours le pris, & en remercient les Dames, deſquelles ils ont porté les faueurs. Là auſſi ſe raporteront les Comedies, Tragedies, Jeux, Montres, Maſques, Moreſques. Dequoy allege un voyageur ſon trauail, que lui cauſe le long chemin, qu’en chantant quelque chanſon d’Amour, ou eſcoutant de ſon compagnon quelque conte et fortune amoureuſe ? L’un loue le bon traitement de s’amie : l’autre ſe pleint de la cruauté de la ſienne. Et mile accidens, qui interviennent en amours : lettres deſcouuertes, mauuais raports, quelque voiſine jalouſe, quelque mari qui reuient plus tot que lon ne voudroit : quelquefois s’aperceuant de ce qui ſe fait : quelquefois n’en croyant rien, ſe fiant ſur la preudhommie de ſa femme : & à fois eſchaper un ſoupir avec un changement de parler : puis force excuſes. Brief, le plus grand plaiſir qui ſoit apres amour, c’eſt d’en parler. Ainſi paſſoit ſon chemin Apulee, quelque Filozofe qu’il fuſt. Ainſi prennent les plus ſeueres hommes plaiſir d’ouir parler de ces propos, encores qu’ils ne le veuillent confeſſer. Mais qui fait tant de Poëtes au monde en toutes langues ? n’eſt-ce pas amour ? lequel ſemble eſtre le ſuget, duquel tous Poëtes veulent parler. Et qui me fait attribuer la Poëſie à Amour : ou