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NOTES.


Ce n’est des rubys qu’un marchant
Avare aux Indes va cerchant.
Mais un rubys qu’elle décore
Plus que le rubys ne l’honnore.
Fuyant ingrat à sa beauté
Les apastz de sa privaulté.


Évidemment ce mot de ruhys n’est pas répété avec tant d’insistance sans une raison qui nous échappe peut-être. Cependant je suis prêt à confesser ma naïveté grande devant toute personne qui m’expliquera comment ces deux vers :

Un rubys qui luyt en sa bouche
Pour adoucir le plus farouche


peuvent renfermer une allusion au futur historien de Lyon.

Quant à l’épithète de brillant qui lui est donnée, je ne vois rien qui la justifie. À cette époque, c’est-à-dire antérieurement à 1559, Claude de Rubys n’avait encore rien publié. Il me semble que sa première publication est un petit pamphlet cité par Du Verdier avec la date de 1566.

Il est encore permis de se demander si vraiment, à l’époque où M. Blanchemain place la « liaison » de Louise Labé avec Claude de Rubys, c’est-à-dire peu après 1555 — supposons 1557 — le futur pèlerin de Notre-Dame-de-Lorette était d’âge à être un rival pour Olivier de Magny.

Plusieurs écrivains lyonnais disent que Rubys est né en 1533, et pour donner cette date ils se fondent sur une phrase de son Histoire de Lyon parue au commencement de 1604, phrase dans laquelle il se dit « ja tantost » septuagénaire. Mais puisqu’il dit « ja tantost, » c’est qu’il ne l’est pas encore, et comme il cherche, dans cette circonstance, à se rendre intéressant, il faut supposer que le « ja tantost » signifie dans quelques années. Un homme qui fait argument de sa vieillesse peut bien, à soixante-cinq ans, se dire « ja tantost septuagénaire. »

D’ailleurs, Péricaud, qui a le tort de ne pas citer ses sources,