Page:Labé - Œuvres, t. 1-2, éd. Boy, 1887.djvu/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
NOTES.


nuit sombre ; après le combat, le repos. Elle Va vu et consolé dans ses peines, craignant de ne pas faire assez pour lui ; mais à présent qu’il l’a embrassée, i présent qu’elle est comme il la voulait, elle le trouve plus froid qu’elle n’aurait désiré. — XVII. Elle fuit la ville où tout sans lui lui devient ennuyeux, où rien sans lui ne saurait la distraire ; et il pourra la contraindre à lui donner ce qu’elle estime le mieux, car il lui faudrait vivre hors d’elle-même pour parvenir à ne plus penser à lui. — XVIII. Et mêlant à ceux de son ami ces « baisers tant heureux, » elle s’écrie : « Jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise, lors double vie à chacun en suivra. » — XIX. À Diane, qui la rencontre en l’épaisseur des bois et lui demande ce qu’elle a fait de son arc et de ses flèches, elle répond : « Le passant à qui je les ai jetées les a ramassées, et il s’en est servi contre moi pour me faire cent et cent bresches. » — XX. On lui avait prédit qu’elle aimerait un homme dont on lui fit la peinture, et le jour où elle le rencontra, elle crut que le ciel avait formé cet amour ; mais aujourd’hui « je croy, dit-elle, qu’étaient les infernaux arrêts que de si loin m’ourdissaient ce naufrage. » — XXI. « Quelle grandeur rend l’homme vénérable ? » et « Quel naturel est le plus aimiable ? » Elle l’ignore, mais elle sait bien que toutes les ressources de l’art ne sauraient accroître sa passion. — XXII. La puissante harmonie du ciel lie ensemble les esprits divins, mais si ce qu’ils aiment se trouvait loin d’eux, que deviendrait leur bonheur ? — XXIII. Que sont-ils devenus les serments d’autrefois et les louanges dont il la comblait si souvent ? C’est la douleur qui la fait ainsi parler, mais elle se console en pensant que lui-même aussi souffre quelque martyre. — XXIV. Ne reprenez, dames, si j’ai aimé, dit-elle en terminant son poème, et Dieu vous garde d’être plus malheureuses que moi.


P. 10, l. 29. — Il est de mode aujourd’hui de chercher la vie d’un auteur dans ses œuvres. Pour les biographes futurs, éclairés par les critiques, les correspondances et les préfaces dans lesquelles on ne craint pas de s’autobiographier, ce travail sur nos contemporains sera moins périlleux ; mais quand on le fait sur