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NOTES.


et de ses larmes. — VI. Béni soit cependant le retour du soleil qui lui fera voir celui qu’elle aime ! et, le voyant, elle emploiera si bien le pouvoir de ses yeux qu’elle ne tardera pas à faire sa conquête. — VII. Tendre appel à « l’âme bien aymée, » et, toute tremblante à l’idée de sa venue, douce prière pour se la rendre favorable. — VIII. Fidèle peinture de l’état de son âme, qui vit, qui meurt, qui brûle et se noie, et que l’amour mène sans trêve de la peine à la joie pour la remettre bien vite en son premier malheur. — IX. Dès qu’elle commence à prendre un repos désiré, elle croit posséder le bien après lequel elle soupire. Ô douces nuits, si elle ne doit avoir de bonheur en vérité, faites au moins qu’elle en ait en songe ! — X. Quand elle le voit, le front couronné de lauriers « au chef d’honneur plus haut que nul atteindre, » son cœur passionnément épris se demande si, à tant de qualités, il ne pourrait pas joindre celle de lui être « pitoyable. » — XI. Tout, autour d’elle, réjouit sa vue, et ses petits jardins pleins de fleurs amoureuses, et les beaux yeux aux doux regards de celui qu’elle aime, mais le plaisir que reçoivent ses yeux ne sert qu’à attacher davantage son cœur. — XII. Aussi quand elle essaye quelque chanson joyeuse, son luth qui pleura si souvent avec elle, ne produit sous ses doigts qu’un accompagnement de soupirs et de larmes. — XIII. Ah ! que l’envie ne l’empêche pas de s’unir à lui, qu’à lui elle puisse s’attacher comme le lierre à l’arbre, la mort envieuse de son bonheur pourra alors venir la prendre, et si son esprit sur ses lèvres s’enfuit elle mourra « plus que vivante, heureuse. » — XIV. « Tant que ses yeux pourront larmes épandre, » tant que sa main saura toucher le luth pour le chanter, tant que son esprit sera content de ne comprendre que lui, elle ne saurait désirer mourir ; mais quand elle sentira sa main impuissante, sa voix cassée, ses yeux taris et son esprit sans grâce, elle priera la mort de « noircir » le plus clair de ses jours. — XV. Pour fêter le retour du soleil, Zéphir éveille la terre, les fleurs se parent de mille couleurs, et dans les arbres les oiseux font merveille. Que Zéphir fasse vers elle revenir son soleil, et il verra s’il ne la rend pas plus belle. — XVI. Après l’orage, le beau temps ; après le grand jour, la