Page:Labé - Œuvres, t. 1-2, éd. Boy, 1887.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
LA FAMILLE DE BOURGES.


auquel elle fit quelquefois honte aux organistes du Roi, jouant en présence de leurs Majestés. Elle fut portée en terre, découverte avec le chapeau de fleurs en la tête, témoin de sa pudicité virginale. Ces grands poètes Maurice Scève et Claude de Taillemont ne faillirent de lui faire de doctes tombeaux que l’injure du temps nous a fait perdre. Je lui fis (encore que jeune escolier) cette épitaphe, non comme poëte, namque ego me illorum dederim quibus esse poetas excerpam numero, comme dit Horace, mais pour le devoir auquel m’obligeoit l’amitié que nous avions contractée par la nourriture que nous avions prise ensemble en nos jeune ans. »

Rubys, qui écrivait après 1600, ne se rappelle plus la date de la mort de Clémence ; mais elle est fixée à peu près par celle de la mort de son fiancé, Jean II du Peyrat, que l’on rapporte au 30 septembre 1562. On ignore la date de sa naissance, et je ne sais sur quoi se fondent MM. de Ruolz et Monfalcon pour dire qu’elle avait à peine seize ans quand elle mourut. S’il en était ainsi, Louise Labé, qui lui dédia ses œuvres, en 1555, se serait mise sous la protection d’une enfant de moins de neuf ans, et le P. Colonia, qui la fait jouer de l’épinette devant le Roi et la Reine (en 1548, semble-t-il), nous présenterait un virtuose de deux ans. Il vaut mieux dire que nous ne savons rien de précis et nous garder de hasarder quelques chiffres.

La sœur de Clémence, Louise de Bourges, épousa, vers