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LES LABÉ.


dans les archives du Palais de Justice, — nous en révèle assez long sur l’état des choses et, ce qui nous intéresse davantage, sur l’état des esprits. Les termes du testament du père Labé semblent avoir été trop précis pour que le legs à sa femme pût être contesté. Comment se fait-il alors que le fils se soit refusé à son exécution d’une manière aussi radicale ? Comment n’a-t-il pas reculé devant un procès intenté par la Taillard, qui était devenue femme du notaire Popon et belle-mère d’Antoine Noyer, praticien ès-cour de Lyon ? Aurait-il contesté la validité du testament et soulevé la question de captation ? Nous serions porté à croire quelque chose dans ce genre parce que la transaction qui intervient, sur le conseil des hommes d’affaires, est plus en faveur de François qu’en faveur d’Antoinette. Celle-ci garde les meubles qui lui ont été légués, mais elle les paie ; et François redevient propriétaire de la maison de son père, moyennant certaine somme dont le capital est payable seulement après la mort d’Antoinette Taillard. Et cependant elle devait être bien désireuse de garder cette maison, puisque nous l’en retrouvons propriétaire, en 1571, après la mort des enfants de François.

Le 11 octobre 1553, le procès entre la veuve et le fils de Labé n’était pas encore commencé, puisqu’il eut lieu seulement à la suite de la seconde union contractée par Antoinette, plus de trois mois après, c’est-à-dire le 31 janvier de cette même année 1553. Aussi le contrat de mariage de Jeanne Labé fut-il signé dans la maison de son frère François, qui lui constitua en dot