Page:Labé - Œuvres, t. 1-2, éd. Boy, 1887.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
RECHERCHES SUR LA VIE


Amour se resjouir en paix entre les hommes : qu’il soit loisible à un chacun de converser privément et domestiquement les personnes qu’il aymera, sans que personne en ait crainte ou soupson : que les nuits ne chassent, sous prétexte des mauvaises langues, l’ami de la maison de s’amie : que lon puisse mener la femme de son ami, voisin, parent, où bon semblera, en telle seureté que l’honneur de l’un ou l’autre n’en soit en rien ofensé. Et à ce que personne n’ait plus mal en teste, quand il verra telles privautez, fais publier par toute la Terre, non à son de trompe ou par attaches mises aus portes des temples, mais en mettant au cœur de tous ceus qui regarderont les Amans, qu’il n’est possible qu’ils vousissent faire ou penser quelque folie. »

En résumé, si nous laissons Du Verdier de côté, on peut dire que le nom de Louise Labé nous arrive avec les éloges de deux écrivains de son temps et les injures de deux autres. Les premiers sont un curé du voisinage et un calviniste des environs ; les seconds, le chef même de la Réforme à Genève et un des principaux meneurs de la Ligue à Lyon. La louange de Paradin est sans restriction, celle de Dagoneau est au contraire fort prudente. L’injure de Calvin est une simple épithète jetée à la jolie Cordière au cours d’un pamphlet latin contre un violent adversaire ; celle de Rubys, au contraire, voulue, détaillée et tenace, désigne Louise Labé et par son nom et par son surnom, pour la qualifier deux fois, en français tout crû, de courtisane publique.