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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


nous est inconnu — mais, à côté de Saconay, dont les opinions pouvaient, en général, être celles de Rubys, nous trouvons, chez Louise, des hommes qui ne désapprouvaient pas les idées nouvelles, par exemple Pontus de Tyard, l’évêque de Châlon, dont on connaît la haine profonde contre la Ligue, qu’il combattit avec chaleur aux États de Blois ; aussi ne put-il rentrer dans sa ville épiscopale tombée au pouvoir des Ligueurs contre qui M. de Bissy, son neveu, menait la campagne. Pontus de Tyard et Claude de Rubys — ces deux hommes si essentiellement opposés de caractère — furent donc, à un certain moment, des adversaires. Or, l’un des plus jolis sonnets publiés à la suite des œuvres de Louise, l’un des plus élogieux pour elle, se retrouve, avec une légère variante, dans l’édition que Jean de Tournes a donnée, la même année 1555, des Erreurs amoureuses de Pontus de Tyard ; donc, dès avant 1555, le futur évêque de Châlon, alors chanoine et protonotaire apostolique, connaissait Louise Labé, dont il disait :

Ici le ciel libéral me fait voir
En leur parfait, grâce, honneur et savoir,
Et de vertu le rare temoignage.


En faudrait-il davantage avec un homme aussi passionné que Rubys pour expliquer la « courtisane lyonnaise » du livre de 1604 ?

Non, elle ne fut pas une courtisane, la femme qui écrivit cette prière adressée par le dieu des vers et du jour au maître du ciel et de la terre : « Laisse